Selon l’un des services du gouvernement « La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques » (Dares) a publié, le 3 novembre 2022, les chiffres 2021 de l’emploi des travailleurs handicapés : « soit un taux d’emploi direct équivalent à 3,5 % de l’ensemble des effectifs assujettis » reste stable(1).
Évidemment, ce taux est bien inférieur à la réalité au regard de la liste des Emplois exigeant des conditions d’aptitudes particulières (dite liste ECAP). Par ce biais, les pouvoirs publics ont diminué la liste des emplois pour lesquels un patron est obligé de recruter un pourcentage de personnes ayant la reconnaissance de travailleur handicapé. Ainsi, des pans entiers d’activité n’ont pas d’obligation de recruter des travailleurs handicapés.
La hausse apparente est liée à une « survalorisation » des travailleurs handicapés de plus de 50 ans (1 ). En réalité, les entreprises ont augmenté le nombre des travailleurs avec un handicap en incluant un plus grand nombre de travailleurs de plus de 50 ans. C’est indiqué aussi dans l’article précité. Elles ont mieux compté leurs vieux abîmés par le travail ou la vie.
En tant que travailleurs, nous savons déjà que si l’espérance de vie a augmenté, par contre l’espérance de vie en bonne santé reste stable (2). Toutefois, elle est inférieure à l’Espagne(3).
Pour expliquer cette différence avec l’Espagne, je n’ai pas trouvé d’étude scientifique, malgré tout j’ai le sentiment que ces mauvais chiffres sont à la fois le fruit des réformes « Fillon » et « Tourraine », et surtout de l’intensité du travail à la française
C’est tout bête, l’organisation du travail à la française prônée par Henri FAYOL(4) n’est pas compatible avec la force de travail des travailleurs handicapés. Cette dernière existe, bien que dans certains cas l’organisation de la production doit s’adapter aux cas particuliers, ce qui est pratiquement inexistant dans notre territoire. Je ne vais pas disserter sur le travail des personnes handicapées, ce qui m’intéresse c’est leur faible présence sur nos lieux de travail et sa signification par rapport à la réforme des retraites.
C’est l’intensité et l’organisation du travail qui bloquent la présence des travailleurs handicapés dans les entreprises.
Notre pays est connu pour la productivité de ses travailleurs, je cite par exemple l’ambassade de France à Prague https://cz.ambafrance.org/La-productivite-francaise-parmi-les-plus : « La France est un pays où l’on travaille environ 1 585 heures par personne et par an (moyenne mondiale de 1 902 heures). Ceci n’affecte en rien, bien au contraire, sa compétitivité. Celle-ci demeure remarquable grâce à la productivité de sa population, l’une des meilleures au monde depuis plusieurs années. Les statistiques des différents instituts comme l’OCDE ou Eurostat offrent la vision globale d’une productivité française en excellente santé. Leurs indices prévisionnels viennent confirmer sa position de leader sur la scène économique internationale ». Et « Le classement Nationmaster place la France en 18e position en termes de PIB avec 36 500 $ par habitant au niveau mondial, quand ses salariés occupent la 21e place des pays européens en termes d’heures hebdomadaires de travail. Une étude menée par des experts américains de la finance pour le site BusinessInsider analyse ce paradoxe. Ils en arrivent à cette conclusion : si l’on ramène le PIB par habitant à l’heure travaillée, la France est en première position du classement mondial en termes de productivité. Ainsi, lorsqu’un Américain a un rendement de 24,60 $ par heure travaillée, un Français génère en moyenne 25,10 $, loin devant le Japon – pays où l’on comptabilise le plus d’heures hebdomadaires de travail au monde – et ses 18,89 $ ». Le rapport se termine ainsi : « On ne gagne pas juste en travaillant dur. On gagne en travaillant intelligemment… et moins. Comme les Français savent le faire ». Néanmoins, cet article de libération nuance un peu le propos https://www.liberation.fr/checknews/les-travailleurs-francais-sont-ils-vraiment-les-plus-productifs-20211021_6QL7HYV7WNGRLPVXHOYXCLWHKY/ . Cependant clairement nous travaillons beaucoup en nombre d’heures et en intensité….Malgré les propos de nos dirigeants.
Donc en 2013, la France était championne du monde en productivité !!! Nous, travailleurs en France, nous ne lambinons pas. Cette intensité explique aussi la faible place que nous laissons aux travailleurs avec des déficiences. Elle impacte aussi notre capacité à se maintenir dans l’emploi avec l’âge. Nous l’observons, ces collègues approchant la soixantaine, lorsqu’ils restent en emploi paraissent souvent fatigués. D’ailleurs, vous connaissez combien de collègues ou de proches ayant une reconnaissance de travailleur handicapé à l’approche de la soixantaine en activité ?
Enfin, la reforme des retraites est tellement incohérente que, je le rappelle, on peut être admis en EHPAD dès 60 ans sans dérogation avant même l’âge légal de la retraite de ce qu’on appelle communément « maison de retraite »…Preuve que nos maîtres ont bien conscience de nos difficultés liées à l’âge.