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Quand la fée éléctricité te flique !

Notre nouveau super flic s’appelle linky. Pour les novices, c’est le
doux nom du futur compteur électrique d’EDF défini ainsi par la
Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL): “Les « compteurs
intelligents » se différencient des compteurs traditionnels par leur
capacité à transmettre de façon électronique les index de consommation
à l’opérateur de réseau. Les réseaux intelligents utilisent des moyens
informatiques évolués afin d’optimiser la production et l’acheminement
de l’électricité grâce à la télétransmission”.

Selon la CNIL ces appareil permettront d’obtenir des “informations
précises obtenues sur la consommation électrique de l’abonné
permettant de déduire quelles sont ses habitudes de vie (heure de
lever, heure de coucher…) ou même, dans des cas spécifiques, le type
d’appareils utilisés”. Rapidement, pour tous les paranoïaques comme
moi des craintes surgissent et innondent le front de sueur.
Actuellement, la grande mode est à la domotique. Les industriels
essayent de nous vendre des chauffages qui communiquent entre eux ,
qui s’enclenchent dès qu’on rentre dans son “home”. Des fours qui
parlent et nous demandent ce que l’on veut manger, des frigos qui vous
rappellent ce que vous devez acheter pour les remplir à nouveau…
Pour peu que ces appareils électroniques communiquent aussi avec les
compteurs électriques, les systèmes autoritaires n’auront même plus
besoin de mettre des postes de télévision qui regardent les habitants
comme sous l’ère soviétique (d’après une blague de Coluche) pour nous
surveiller.

Pour ma part, mon cerveau a fait tilt fin novembre un peu avant que la
CNIL ne publie ses recommandations du 2 décembre 2010 pour
l’utilisation des futurs compteurs électriques, tout ça parce que je
suis propriétaire d’ un vélo électrique américain!Ce vélo est un
exemple, entre autres,  de la volonté des industriels de nous la
mettre bien profond. Il est vendu et produit en France par Matra qui a
racheté le brevet à une entreprise canadienne ayant bénéficié de
subventions de l’armée américaine, pour mettre au point un véhicule
extrêmement léger et silencieux,  afin de faire des explorations ou
d’attaquer par surprise en terrain ennemi. Bref, ce vélo existe aux
états-unis d’Amérique en deux versions, l’une  avec une vitesse de
pointe de 32 km/h et l’autre avec une vitesse de pointe de 48 km/h
pour un poids total de 35 kg. La différence s’explique par une
programmation informatique différente du moteur. Évidemment, ce vélo
accélère comme un scooter. Alors quoi demander de plus à un véhicule
urbain ? Le hic c’est que les vélos électriques vendus en Europe sont
limités à 25 km/h et ont une puissance de 250 watts. Ces éléments sont
un peu techniques, et ont peu d’importance. Ce qu’il faut retenir
c’est que des lobbies s’organisent afin de ne pas développer les
véhicules électriques ou de retarder leur développement. Ainsi, la
commission européenne a refusé début novembre 2010 d’aligner les vélos
électriques vendus en Europe aux normes américaines (ce sont des
explications faites à gros traits de ma part)… Les cyclistes
américains doivent être plus vifs que les européens..

En réalité, le principal objectif des lobbies est ailleurs et les
compteurs intelligents d’EDF seront leur réponse. Les véhicules
électriques ne permettent pas d’offrir une rente aux industriels,
l’assemblage d’un tel véhicule est plus simple et rapide que ceux à
moteur thermique. Ils nécessitent moins d’entretien. La seule
difficulté technique se situe sur les batteries (d’après les
industriels). C’est la pièce la plus chère du véhicule. La vraie
difficulté est économique. La consommation est d’un euro pour les 100
kilomètres parcourus pour une voiture et pour un deux-roues, je pense
que ça doit être autour de 25 centimes d’euro. C’est ici que le
compteur électrique intelligent trouve tout son intérêt. Les
industriels travaillent avec EDF pour donner un code à chaque voiture.
Ainsi quand l’automobiliste branchera sa voiture sur n’importe quelle
prise électrique reliée à un compteur intelligent, EDF sera en mesure
de facturer l’automobiliste chez lui, sur son compte personnel. EDF
connaîtra alors tous nos déplacements. Certes EDF s’en fout un peu:
son objectif est de créer un nouveau tarif plus cher pour les
véhicules électriques. Mais quand on voit l’utilisation qui est faite
de fichiers soit disant “confidentiels”,  et quand on sait que la CNIL
n’est qu’une émanation du pouvoir de l’état, on peut imaginer ce que
ça peut donner…Toutefois, je me refuse de participer à la mise en
place d’un quelconque big brother et je ne veux pas que l’on sache ce
que je fais. Je me refuse à être fliqué a priori. Pourquoi la société
a besoin de savoir ce que je fais ? Bien que je n’ai rien à me
reprocher, la société n’a pas à s’immiscer dans ma vie privée. Et une
entreprise commerciale pas davantage.

Ces compteurs « communicants » peuvent de plus modifier la puissance
de l’abonnement, voire couper l’alimentation électrique à distance,
via une interface web: « Ces fonctionnalités devront être parfaitement
sécurisées pour éviter toute utilisation frauduleuse » estime la CNIL
qui précise qu’on ne sait pas encore quelles seront les conditions
d’installation des compteurs intelligents en France, s’ils seront par
exemple obligatoires ou non. On comprend aussi très bien que les
coupures électriques seront alors automatisées. Les agents d’EDF ne
pourront plus faire de la résistance. Ils leur arrivaient  parfois de
ne pas couper quand ils constataient que le foyer était vraiment
précaire. Une histoire d’être humains…
Pas de flics dans nos foyers!

Dean LEPHION


Article écrit par un militant de Bordeaux et paru dans le Combat Syndicaliste n°231 – janvier/février 2011.