Article écrit par un militant de Bordeaux et paru dans le Combat Syndicaliste n°230 – novembre/décembre 2010.
Allez comprendre quelque chose ! Voilà deux manifs bien plan-plan que
les lycéens bordelais battent le pavé. Malgré les menaces d’un
ministre (manifester est un droit, mais c’est dangereux a –t-il dit),
l’absence de droit de grève pour les lycéen(e)s[[Eh oui, les lycéen(e)s n’ont pas ce droit, mais ils en ont si peu,
et tellement encadrés !]], les jeunes sont
entrés dans le mouvement. Malgré les accusations de manipulation,
force est de constater que beaucoup de lycéen(e)s ont compris,
qu’au-delà de cette réforme se profilait d’autres reculs à venir. Que
leur vie sera encore plus pourrie que celle de leurs parents. Et à 17
ans, penser à 50 ans de vie à se faire chier à bosser, ça donne le
vertige. Les élèves des lycées professionnels, qui ont fait des stages
en entreprise et savent ce que c’est que le « monde du travail » sont
particulièrement écœurés.
Ils formaient un beau cortège ces jeunes, bien bruyant, qui aurait pu
être sympathique. Mais hélas ça ne faisait pas chaud au cœur de les
voir comme ça, ça donnait même une impression nauséeuse d’abord, puis
très vite révoltante. En effet, il fallait les voir nos lycéen(ne)s
mis(e)s sous tutelle par une myriade de syndicats et d’associations.
Sur la banderole qui barrait la rue entière, on pouvait voir les logos
de partis politiques (MJS, NPA, JC…là aussi, allez comprendre !). Je
me suis interrogé sur l’absence du Modem et ai cherché (en vain, ouf
!) le logo du FNJ et la photo de Villepin. Il y avait aussi les logos
des syndicats lycéens, étudiants, dans un grand mélange de genre… Et
c’est personnellement la première fois que je voyais une banderole
sponsorisée par une marque! Par la LMDE[[La mutuelle des étudiants]] en l’occurrence. On a compris
très vite que la taille de la banderole servait à bien parquer nos
lycéen(e)s, d’autant qu’un service d’ordre (du PC pour une bonne part)
protégeait les entrées et les sorties du cortège, empêchant surtout
les sorties. Et pas question de trop s’approcher de ladite banderole :
le service d’ordre vous virait. Et à la queue de leur cortège, les
flics protégeaient les arrières. On a vu comment les flics traitent
les jeunes depuis qu’ils se sont mobilisés. Voilà une bonne excuse
pour leur interdire de se manifester librement, en leur imposant de
défiler derrière une bannière partisane d’à peu près tout et n’importe
quoi. Ou alors, NPA, MJS et La mutuelle des étudiants (entre autres),
c’est la même chose ? Ils sont si dangereux, les lycéen(ne)s pour que
gouvernement, partis « d’opposition » et même syndicats en soient à
les parquer ? Mais peut-être ont-ils simplement peur d’être débordés
et que d’autres solutions que les leurs soient décidées, d’autres
choix de société proposés. Peur aussi de voir dévoilée au grand jour
leur connivence, qu’ils viennent d’illustrer avec ce cadrage policier
du cortège. On peut espérer que la prochaine fois, certains n’aient
plus envie d’être privé(e)s de liberté au sein d’une manif, ni
obligé(e)s de défiler derrière le nom des partis ou des syndicats qui
les musellent.