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Démographie et capitalisme

Le syndicat de Bordeaux vous propose l’un des articles de notre revue le Combat Syndicaliste

«Ce nʼest pas le sexe le problème, cʼest lʼargent. Ce ne sont pas les pauvres le problème, ce sont les riches»» citation de Georges MONBIOT
Dans un article de the guardian daté du 28 septembre 2009 le journaliste et universitaire George Monbiot intitulé «ce n’est pas la démographie des pauvres mais la consommation des super-riches qui menace la planète» met en cause les théories malthusiennes et apocalyptiques de l’incapacité de notre vaisseau terrestre de nous accueillir tous à moyen terme. La traduction se trouve à cette adresse:http://contreinfo.info/prnart.php3?id_article=2827.
l’auteur débute son texte en faisant référence à une citation de James Lovelock spécialiste des systèmes de la terre: « ceux qui ne parviennent pas à comprendre que la croissance démographique et le changement climatique sont les deux faces de la même pièce de monnaie sont soit ignorants, soit refusent de voir la vérité. Ces deux énormes problèmes environnementaux sont inséparables et il est irrationnel de discuter de l’un en ignorant l’autre.» L’auteur va démonter la fausseté de cette affirmation tout au long de son article. Ainsi en s’appuyant sur une étude réalisée, il constate que de 1980 à 2005, l’Afrique sub-saharienne est à l’origine de 18,5% de la croissance de la population mondiale et seulement de 2,4% de l’augmentation des émissions de CO2. L’Amérique du nord ne représente que 4% des nouvelles naissances, mais 14% des émissions supplémentaires.
De plus, cette étude souligne que le sixième de la population soit un milliard d’êtres humains est si pauvre que ses émissions de CO2 ne sont absolument pas significatives. Au contraire, une partie de cette population a même un bilan négatif du fait de sa pratique quotidienne du recyclage.
Une partie des émissions de CO2 attribuée aux pays pauvres devraient être comptabilisée comme provenant des pays industrialisés. les torchères des compagnies pétrolières exportatrices du Nigéria ont produit plus de gaz à effet de serre que toutes les autres sources de l’Afrique sub- sahariennes réunies. D’autant plus que cette production n’est pas utilisée sur ce territoire mais est réexpédiée vers les pays occidentaux.
Il continue sa démonstration. Il affirme qu’il existe seulement une très faible corrélation entre réchauffement et croissance démographique. Ce qui n’est pas la cas entre réchauffement et richesse. Il illustre sa thèse en feuilletant un catalogue publicitaire de yachts, le plus écologique consomme 750 l par heure et le plus pollueur est à 3400 l par heure soit 3 litres par kilomètre mais c’est un 12 places équipage inclus.
L’auteur cite aussi un autre article du sunday times dont le titre est:» un club de milliardaires annonce qu’il veut réduire la surpopulation» dans lequel on apprend qu’un quarteron de milliardaires s’est réuni pour soutenir «une stratégie s’attaquant à la croissance démographique , dénoncée en tant que menace environnementale, sociale et industrielle potentiellement désastreuse.» Ce groupuscule est donc convaincu que ce sont les plus pauvres les vrais responsables de la destruction de la terre par la pollution. L’auteur cite les noms des soutiens à l’Association Optimun Population trust dont l’objectif est d’influencer les plus pauvres afin qu’ils cessent d’avoir des enfants au nom du sauvetage de la biosphère. Il ironise en soulignant qu’il n’existe aucune fondation dont l’objectif est de mesurer l’impact des riches sur l’environnement.
L’auteur conclut son texte en le positionnant dans le champ de la lutte des classes en défendant la thèse que ce n’est pas la population mais bien la consommation l’unique problème; facteur aggravant c’est la consommation des plus riches qui est incompatible avec l’équilibre planétaire et non celle du prolétariat ou plus exactement de sa majorité. Il illustre sa vision d’ une écologie s’ancrant dans la lutte des classes en s’interrogeant sur l’absence de mouvements manifestant publiquement contre les «pourris de fric et -qui- détruisent nos écosystèmes? Où sont les actions menées contre les super-yachts et les jets privés?». Il rappelle encore que ce sont les puissants qui produisent la propagande pour limiter le nombre d’êtres humains sur notre planète, or ceux qui souhaitent effacer ne polluent pas ou si peu. Dans la réalité, ils ne sont pas les responsables de la pollution et ces biens les nantis qui sont la cause de nos problèmes écologiques. Les plus riches se sont lancés dans une guerre des classés dont l’ennemi est le prolétariat.
L’écologie ne doit pas être un outil de la classe dominante afin de réguler les naissances de notre naissance. L’écologie interroge la production et le mode de consommation induit par le système capitaliste.La démographie n’est donc pas le problème. Toutefois, à la différence de George Montbiot, et en tant que libertaire je m’interroge sur la liberté donnée aux femmes du tiers-monde de contrôler leur matrice. Est-ce un vrai plaisir de donner naissance un enfant chaque année? Selon certaines cultures probablement les femmes se sentent valorisées par leur fécondité. Je suis persuadé que des femmes de ces territoires apprécieraient de contrôler leur fécondité. Cependant, notre rôle en tant qu’anarcho-syndicalistes n’est pas pas de faire à la place de ces femmes désireuses de se libérer, mais nous devons apporter notre soutien à celles désireuses de se libérer de leur culture les obligeant à être des objets de reproduction féconds. Le sexe est un moment de liberté entre individus consentants, la fécondité peut être contrôlée selon les désirs des deux individus à l’origine de la fécondation ou à la femme seule mais elle peut aussi laisser aux choix de la nature. Tout est possible tant que la collectivité assure la liberté de choix aux individus.