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Courrier à la Librairie MOLLAT

Courrier adressé ce jour à la librairie MOLLAT de Bordeaux

au propriétaire de la librairie Mollat et aux libraires qui y travaillent

Vous avez choisi de vendre, dans votre librairie, « Les mythes de la guerre d’Espagne », livre paru en 2003 en Espagne, écrit par Pío Moa et contenant des thèses révisionnistes et négationnistes sur la guerre d’Espagne et la répression franquiste. La vision de Pío Moa s’étend bien au-delà de la dictature franquiste, puisqu’il écrivait en 2011 : “Cela n’a pas changé : la démocratie vient du franquisme et toutes les menaces contre elle viennent de l’antifranquisme.”

Ces thèses, historiquement fausses, intellectuellement malhonnêtes et abjectes moralement, circulent depuis des décennies. Les combattre fait partie de la lutte antifasciste dans laquelle la CNT s’est engagée depuis sa création, y compris en prenant les armes, notamment lors de la guerre d’Espagne.

Étant farouchement opposés à toute forme de censure, nous ne voulons pas interdire la publication ni la vente de livres révisionnistes. Nous ne refusons le droit d’expression à personne, pas plus à Pío Moa qu’à quiconque. D’ailleurs, dans le cas de Pío Moa, il s’est lui-même totalement discrédité par des excès de langage, et pas uniquement au sujet de la démocratie : il s’en est aussi pris à l’homosexualité et au féminisme.

Par contre, la présentation élogieuse du livre de Pío Moa sur le site internet de votre librairie en omettant d’indiquer sa coloration idéologique participe de la falsification historique. En cela, vous véhiculez une image dégradante des Républicains espagnols, image forgée par le franquisme.

En tant que libraires, vous êtes certes des marchands. Mais le livre étant un objet particulier, certains de vos collègues ont une démarche culturellement engagée. Vous, vous avez choisi le profit, jusqu’à travailler avec un éditeur d’extrême droite, ce qui doit être de plus en plus lucratif.

Nous, nous ne sommes que des militants syndicalistes, conscients que tout ce que nous pourrons dire ne vous changera pas. Nos paroles sont vaines, certainement. Mais le choix du silence nous serait insupportable, comme une trahison. Alors nous parlons.

lettre_a_mollat.pdf