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Mais que fait la CéGéTé ?

On connaît tous, même le plus naïf des prolos, même le plus réac’ des tauliers, la combativité de la CGT, le discours revendicatif.
Ce que l’on connait moins, c’est le « sérieux » de la confédération lors des accords d’entreprises, apparemment, elle en signerait des dizaines de mille par an. Peut-on affirmer que tous ces accords là sont au bénéfice des prolos?
Pourquoi cette critique maintenant? Alors que cela fait des lustres que les directions syndicales ont souvent été volontairement à contre courant de leur base militante.
Pour une simple raison, actuellement un front social s’est constitué dans plusieurs grandes villes de l’hexagone , animé en partie par des syndicats de la CGT rassemblant à peu prés, toutes et tous ceux qui ont participé l’année dernière à la lutte contre la loi El khomri afin de la continuer.
Le front social est un espace, un point de convergence, de discussion et d’action, ouvert à tous-tes celles et ceux, syndiqué-es et non syndiqué-es, individu-es, assos. etc…qui refusent l’austérité, la pauvreté permanente, l’exclusion.
Mais ne nous leurrons pas, seul un appel à la grève générale peut faire fléchir le gouvernement. La classe ouvrière, en a -t-elle les moyens ? Je répondrai franchement oui!
Les syndicats dits majoritaires en ont-ils la volonté? Je répondrai franchement non! En ont -ils les moyens? Peut-être pas! Refusons d’être manipulés de nouveau comme l’année dernière, lors du mouvement social, d’où le titre  » Mais que fait la CGT ? ».

En Avril de cette année, le camarade secrétaire général de la CGT est allé traîner ses guêtres au Pays Basque rencontrant des camarades militants, discourant sur le savoir-faire des travailleurs d’une usine de fabrication de rotors et de moteurs d’hélicoptères ( je cite, « le savoir-faire vous l’avez dans la tête, avec cet aménagement des postes de fabrication, vous en serez dépossédés au détriment de l’ordinateur « ) que l’entreprise voudrait  » récupérer » pour son compte.

Pour comprendre un peu le scénario, une explication est nécessaire: actuellement, l’ouvrier après que le technicien lui ait donné les éléments pour fabriquer une pièce, elle et ses composants sont usinés sous son contrôle.
Pour un aménagement de la production, la direction a modifié la fabrication de la pièce en plusieurs modules que l’ouvrier ne pourra plus manipuler sans l’aval de l’ingénieur. Par conséquent à terme, l’ordinateur réglera les machines et les modules seront commandés à distance; un seul ouvrier suffira pour l’assemblage.
Or, bien avant la venue du camarade secrétaire général, pendant le conflit social de 2016, une assemblée générale s’est tenue, dans l’usine, organisée par la CGT majoritaire dans la taule durant laquelle les délégués syndicaux et du personnel ont expliqué l’aberration de ce nouveau modèle de production, et qu’ils s’opposeraient à toute restructuration du système de production.

Rentrant à Paris, le camarade secrétaire avait dans son cartable un accord d’entreprise concernant la mise en place de ces modules de production et un accord sur le travail du dimanche.
Tout syndicaliste sait aussi que dans une négociation, il y a des contre-parties, étaient-elles dans le cartable aussi ?
Que pensent les camarades de la fédération de la métallurgie de cet accord qui ouvre une immense voie dans laquelle la fédération patronale va s’engouffrer et a terme, les autres usines du groupe et ensuite d’autres usines de fabrication d’automobiles travailleront 7 jours sur 7.
Passant ainsi d’un accord d’entreprise à un accord de branche, le but de la nouvelle loi travail est de substituer l’accord d’entreprise à l’accord de branche, pour autant, l’accord de branche n’est pas retiré de la loi et il pourrait prévaloir au sein d’un même groupe par le biais d’un comité d’entreprise, ou la représentation des travailleurs sera réduite et pourquoi pas au sein de la fédération de la métallurgie, et par effet de domino , à l’ensemble des travailleurs.
Beaucoup de syndicalistes cgt et autres critiquent ces accords en douce.

Le front social n’est-il pas en passe de devenir, un front « contrôlé  » pour tempérer les élans combatifs d’une frange de la classe ouvrière, qui a prouvé son désir d’aller au-delà d’une simple revendication, en mettant en avant la solidarité et la lutte de classe.
Combien de couleuvres devront avaler les travailleurs, pour que le syndicalisme redevienne un outil au service de l’émancipation de la classe ouvrière.
Propos rapportés entre deux ricards ( pour l’ambiance) sous le parasol dans un camping de la côte Basque avec un des ouvriers de l’usine concernée.
MAC.